• 28 avril 2024

TRIBUNE DANS LE HUFFINGTONPOST « QUEL PRÉSIDENT POUR LA MÉTROPOLE DU GRAND PARIS? »

Tribune publiée le 6 janvier 2016 sur le site internet du HuffingtonPost :

Par Sylvain Berrios – Créée par les lois Maptam et Notre, la Métropole du Grand Paris (MGP) est donc née ce 1er janvier 2016… dans une très grande indifférence, quelques jours seulement après la victoire rayonnante de Valérie Pécresse lors des élections régionales.


Désormais prise en étau entre Paris, les départements et la région, la MGP doit se trouver un espace, un rôle et un président.


Le premier écueil à franchir est celui de la volonté farouche des maires de conserver leur capacité à agir sur leur territoire, dans un souci de proximité, d’efficacité et de libre administration. La MGP et son futur président devront donc pour prétendre être élus, garantir aux maires qu’un principe de subsidiarité et de respect des communes s’appliquera. Mais comment, dans ces conditions, espérer exister, écartelé entre les 131 maires qui auront à cœur de défendre prioritairement leur territoire et qui ne seront guère disposés à se faire dépouiller?


Le deuxième écueil à franchir est celui la constitution concomitante des Conseils de territoire aux compétences opérationnelles beaucoup plus nettes et qui représenteront pour certains d’entre eux plus de 600.000 habitants, sans compter Paris qui sera à lui seul un Conseil de Territoire, une commune et un Conseil départemental! Comment espérer exister, soumis à 12 territoires aux compétences définies et directement opérationnelles et qui ne laisseront que l’arrogance du pouvoir à la MGP?

Le troisième écueil à franchir est celui du financement de la MGP. Les collectivités soumises au pain sec et à l’eau par le gouvernement n’auront de cesse de réclamer une redistribution immédiate de toute dotation et fiscalité dont pourrait se parer la MGP. Il en va parfois pour les communes de leur survie financière, c’est aussi le plus sûr moyen que la MGP demeure impuissante à agir. Comment, dans ces conditions, peut-elle espérer se développer et grandir, amputée dès le départ de toute capacité d’autonomie financière que le gouvernement n’aura guère d’empressement à garantir?


Néanmoins, ce géant de papier peut tirer de la force de toutes ces fragilités à condition de respecter quelques principes.

Tout d’abord le futur Président de la MGP devra être un Maire, arrimé à aucune force existante pour ne pas être soupçonné de servir d’autres intérêts que celui des ses mandants que sont les Maires. La MGP est d’abord la Conférence des Maires de Paris et de sa petite couronne.


Ensuite le Président de la MGP doit s’attacher à porter des projets dont le rayonnement et la réussite sont intimement liés à la conjugaison de l’attractivité de la ville capitale et du potentiel opérationnel des territoires de la MGP. Cela pourrait être le cas par exemple avec l’organisation de l’exposition universelle ou des jeux Olympiques d’été.

Enfin le Président de la MGP pourra coordonner une vision fédératrice ancrée dans le territoire métropolitain, symbole de la géographie et d’un art de vivre à retrouver, susceptible de nourrir une identité et de permettre aux habitants de s’approprier un objectif d’intérêt général. Cela pourrait être par exemple, grâce aux compétences GEMAPI, l’objectif de la baignade dans le fleuve et les rivières qui traversent la MGP.

La MGP devra donc se doter d’un Président qui soit un Maire, ambitieux pour le territoire, libre et capable d’incarner un projet de Métropole fédérateur.

Tribune publiée sur le site Internet du HuffingtonPost